Mes dernières lectures #1 ~ Nicolas Beuglet: la trilogie de polars à ne pas rater !

Longtemps adepte des seuls romans fantastiques, je commence à peine à m'intéresser aux thrillers et polars. Pourtant quel plaisir j'ai aujourd'hui à les lire.

J'ai commencé ces nouveaux genres avec la trilogie de Nicolas Beuglet. Ses intrigues et son approche scientifique des faits historiques m'ont pris aux entrailles. Je vous conseille donc fortement cette série de livres qui vous emmèneront aux frontières du temps et de l'espace.

Le cri

Découvert au hasard sur une étale du furet du Nord, "Le Cri" a vite attiré mon attention. Une histoire de meurtre dans un hôpital psychiatrique faisait pour moi écho à une de mes saisons favorites d'American Horror story.

Et je ne me suis pas trompée, débutant en Norvège dans une ambiance glaciale d'un austère hôpital psychiatrique engouffré sous le poids tant de la neige que des mensonges. Les chapitres m'ont emporté et tenu en haleine tout au long de ce polar.

Nous suivons Sarah Geringën, inspectrice de police issue des forces spéciales, dans une enquête qui va la mener à raisonner sur une question qui nous hante tous : la vie après la mort ?

"Tu n'as pas peur de mourir, mais tu es comme tout le monde, tu as peur de souffrir."

Aucunement occulte ou fantaisiste, ce récit s'appuie notamment sur de véritables rapports et études. Il fait par exemple état des expérimentations menées par la CIA dans le cadre du projet MK-Ultra. Il aborde également la théorie de Carl Gustav Jung relative à l'inconscient collectif.

Ce sont tout autant d'évènements et de faits existants qui entérinent la véracité de l'intrigue au point de se demander "et si c'était possible ?". L'auteur nous pousse dans nos retranchements en nous menant sur le chemin de questions existentielles

"Chaque époque a ses certitudes et le présent est parfois prétentieux lorsqu'il juge le passé".

Sont brillamment entremêlées l'histoire, la psychologie, la religion et la fiction au point qu'il devient parfois difficile de relever ce qui est vrai ou imaginaire.

C'est la maîtrise du sujet ainsi que le judicieux mélange de faits historiques et fictifs qui m'ont particulièrement plu et que l'on retrouve dans le second opus.

Complot

Quelques mois après ses péripéties l'ayant menée au bord du Styx, Sarah se retrouve à nouveau dans la tourmente d'une enquête échevelée. Elle va une fois encore pousser les limites de la temporalité au travers d'une intrigue qui va la renvoyer aux origines du monde.

Le meurtre énigmatique de la première ministre norvégienne nous replongent dans les méandres de la religion et de ses origines. Pour trouver l'assassin, l'inspectrice va se rendre au bout du monde et remuer des passages de l'humanité qui ont parfois volontairement été maquillés ou oubliés.

L'Histoire, et plus particulièrement l'Histoire de la femme et de sa place au sein de l'humanité vont ébranler les connaissances et la vision du monde de Sarah, mais aussi les nôtres.

"Quand on ne peut pas battre une idée, on la récupère et on la modifie pour qu’elle soit conforme à la nouvelle idéologie."

Là encore, la religion, l'Histoire du monde et la fiction s'entrecroisent. Les conclusions qui en résultent nous bousculent et nous poussent à réétudier le monde qui nous entoure. Le débat d'une manipulation de masse surgit sans qu'il n'y ait jamais de position arrêtée par l'auteur. Il relate au lecteur des faits et des interprétations, le laisse se forger sa conception et sa propre position à l'égard de ces réalités longtemps cachées. Sans être un roman féministe, Complot détonne et rend à la femme son rôle déterminant dans l'histoire de l'humanité, longtemps écrasé par la domination masculine.

L'île du Diable

Dans ce dernier opus, l'intrigue se recentre sur Sarah, sa famille et son histoire personnelle. A peine sortie de prison, elle enquête sur la mort de son père, tué dans d'étranges circonstances. Un meurtre théâtralisé qui va la pousser à explorer l'enfance enténébré de son père. Qui était-il vraiment ? Pourquoi autant de souffrance et de culpabilité ?

Sarah nous emmène jusque dans le pleines de la Sibérie et renoue avec un passé terrifiant : l'affaire Nazino. Certains pans de l'histoire et du communisme longtemps tu sont mis en lumière. A bout de force Sarah est-elle vraiment celle que nous croyons être ?

Au fil des pages, de ce que l'on pensait propre à son histoire familial, se pose finalement une question qui touche l'humanité : l'Epigénétique. La question de l'hérédité et de l'influence d'un environnement sur nos gênes.

"nous transportons dans notre corps l'histoire de nos ancêtres, même si nous ne la connaissons pas"

J'ai mis très peu de temps à le lire tellement l'intrigue est absorbante. Son enquête confond passé et présent, horreur et histoire, imaginaire et science.

La seule chose que je reproche à ce dernier volet, est son manque d'approfondissement. Alors que les deux premiers opus creusent leurs thématiques historiques et scientifiques, ce dernier ne fait que les survoler. La fin me paraît précipitée. Mais quoi qu'il en soit, ce récit reste comme ses prédécesseurs, fascinant !